FONGICIDES VIGNE Un marché en pleine mutation
Forte pression mildiou et inflation, les conditions étaient réunies en 2023 pour faire gonfler le marché des fongicides vigne. Ce dernier va d’ailleurs connaître de profonds bouleversements dès 2024, et ceci sur tous les segments.
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L’année 2023 a été aux antipodes de la précédente. Rythmée par la sécheresse et la canicule, la campagne 2022 avait connu un net retrait des traitements fongicides. À l’inverse, en 2023 les conditions météo ont été très favorables au développement des maladies cryptogamiques. « C’est une année comparable à 2021 », évalue Hermann Yadjia, chef marché vigne et arboriculture chez Bayer. En valeur, le marché fongicide a bondi de 54 %. En cause ? L’augmentation du nombre de traitements, mais surtout l’inflation qui a quasiment multiplié par deux le coût à l’hectare. « De 280 €/ha en 2022, on est passé à 430 €/ha en 2023 », précise-t-il.
+ 41 % d’hectares déployés en antimildiou
Comme en 2021, les traitements antimildiou ont tiré le marché des fongicides. « En 2023, il y a eu de fortes pressions mildiou, en particulier sur la zone girondine, signale Auréliane Bekkal, cheffe marché vigne, arboriculture et maraîchage chez Corteva. D’après la chambre d’agriculture de Gironde, plus de 90 % des vignes ont été touchées avec une grappe sur deux symptomatique. » Ainsi, les surfaces déployées ont atteint les 6,65 Mha, en hausse de 41 % par rapport à 2022. BASF a vu sa solution Futura (dithianon et phosphonates de potassium) progresser de 50 %, protégeant près de 160 000 ha. « Solution Enevin Active + Phosphonate a également connu un développement conséquent et a couvert 100 000 ha », complète Béatrice Bacher, responsable marketing fongicides vigne chez BASF.
Profiler classé CMR2 et retrait du métirame
De son côté, Bayer, premier acteur sur ce marché en 2023, a annoncé que son produit Profiler (fluopicolide et fosétyl-Al) va être classé CMR2. Un bouleversement sur le marché antimildiou qui va créer des opportunités. C’est notamment le cas pour Corteva. Si la firme ne cesse de gagner du terrain avec son offre Zorvec, elle ne compte pas s’arrêter là. En effet, elle fait évoluer son offre et remplace son pack « haut de gamme », Zorvec Zelavin Trel, par deux nouveaux packs plus économiques : Zorvec Zelavin Dionysos et Zorvec Zelavin Héra. « Ces nouveaux packs ont été conçus pour cocher toutes les cases des viticulteurs : non CMR, ZNT 5 m et IFT < 1, explique Auréliane Bekkal. Profiler va passer en CMR2 et ne sera donc plus utilisable dans certains cahiers des charges. Il pourra alors être remplacé par les packs Zorvec dont l’efficacité n’est pas affectée par les résistances. »
De plus, selon le règlement d’exécution de la Commission européenne du 7 novembre, la réapprobation du métirame n’a pas été renouvelée. 2024 sera donc sa dernière année d’utilisation. Polyram DF (métirame) de BASF a pourtant protégé près de 300 000 ha en 2023. « Avec la fin de vie du métirame, l’enjeu majeur des itinéraires de protection va être de combiner la lutte contre le mildiou et l’oïdium avec une bonne protection contre le black-rot », confie Béatrice Bacher. En ce sens, Corteva mise sur ses offres Zorvec Zelavin Bria (Zorvec + folpel) et Zorvec Zelavin Bria +. « Le folpel est l’une des rares solutions qui restera pour lutter contre le black-rot », constate Auréliane Bekkal. Ainsi, dans ce marché en pleine mutation, Corteva prévoit de doubler les hectares traités avec son offre Zorvec.
Anti-oïdium : toujours plus de soufre
Quant à l’oïdium, la pression a été modérée. « Lorsque le mildiou s’exprime, en général l’oïdium est en retrait, explique Auréliane Bekkal. Mais les viticulteurs associent dans leur pulvérisateur la protection mildiou à la protection oïdium. Donc lorsqu’il y a davantage de traitements mildiou, il y a mécaniquement plus de traitements oïdium. » Ainsi, les surfaces déployées en anti-oïdium ont atteint les 5,9 Mha, en hausse de 28 % par rapport à 2022. « Quelle que soit la pression oïdium, les viticulteurs plébiscitent le soufre », constate Béatrice Bacher. De fait, les hectares déployés en soufre ont progressé de 32 % en 2023. Action Pin, leader en valeur avec 32 % de part de marché, note une année de croissance pour sa solution Heliosoufre. De leur côté, les soufres de Phyteurop, Lucifere, StartUp et Dartagnan, poursuivent également leur progression. Pour autant, BASF a vu sa solution Yaris (fluxapyroxade) progresser de 45 % en 2023, couvrant plus de 150 000 ha.
Côté botrytis, la pression a été forte en région Champagne. Avec 63 000 ha, les surfaces déployées ont progressé de 21 % par rapport à 2022. Le marché antibotrytis accueillera deux nouveaux acteurs en 2024 : Corteva et Phyteurop.
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